A propos des origines du Château de Rochefort
Sur une colline allongée, à environ 1 km et demi au sud-ouest du village, se trouve l’emplacement du château de Rochefort. Le site, admirablement choisi, domine d’une trentaine de mètres le tracé de la route passant au nord, et de 300 m le cours de l’ Areuse. Les arbres, qui ont envahi cette colline où affleure le rocher, empêchent d’apprécier à sa juste valeur la vue étendue et l’importance du secteur surveillé par les occupants du lieu. Rien n’est parvenu sur les origines de l’édifice. La première mention, de 1294, apprend que Rodolphe de Neuchâtel remit temporairement le château en garantie à son beau-père Louis, de Savoie. Les comtes de Neuchâtel paraissent n’y avoir jamais séjourné, contrairement à ce qu’ils pratiquaient ailleurs. D’importants travaux, voire une reconstruction partielle, furent entrepris entre 1368 et 1373. Les comptes du châtelain font état de maçons, de charpentiers et de carriers occupés au maisonnement du château, pour lequel on extrait la pierre des murs et façonne des poutres. Ils précisent même l’existence de trois ornements pointus pour garnir des tours, de six fenêtres de pierre closes de barreaux de métal, d’un four, de cordes et de dix mille bardeaux destinés à couvrir la tour principale. Par son testament de 1372, Louis de Neuchâtel légua le château à ses bâtards Jean et Vauthier qui eurent de grandes difficultés à faire reconnaître leurs droits. Entre 1376 et 1379, lorsque de nouveaux ouvrages de construction reprirent, le châtelain paya de la pierre pour la chapelle. Vauthier se plaçant sous la sauvegarde du duc de Bourgogne s’empara pour très peu de temps du château, dont il avait été dépossédé, en 1396. La fin tragique de ce bâtard, exécuté en 1413 pour avoir commis des faux en écriture, a donné naissance à une tradition erronée selon laquelle le château aurait été détruit alors. En fait, les toits furent constamment entretenus jusqu’au milieu du XVe siècle; les comptes mentionnent l’existence d’une tourelle d’escalier et de serrures. La ruine par abandon progressif, sans doute, s’est produite plus tard; elle est confirmée par un texte de 15121. Les communes avoisinantes reçurent l’ordre de construire un signal d’alarme à l’emplacement du château, en 1734. Par décision de 1769, le Conseil d’Etat confirma que la commune de Rochefort devait jouir, sous la forme de forêt, de tout l’ancien domaine du château qui lui était accensé, alors qu’elle s’apprêtait à extirper des broussailles. LeSite1879 En 1862, à la suite d’interventions désordonnées de chercheurs de trésors, le pasteur James Lardy reçut l’autorisation de «mettre à découvert les ruines du château de Rochefort, extirper le mauvais bois qui se trouve dans l’enceinte et de rendre le chemin praticable». Pour les protéger contre des vandales, les ruines furent mises à ban. Quelques fouilles furent exécutées en 1879 et un plan dressé par ALPHONSE DE MANDROT. DESCRIPTION. Le site permettait de surveiller le passage au pied des rochers de la Tourne, les gorges de l’Areuse et même le plateau à l’ouest de Boudry. Actuellement, il ne reste au sommet de la colline que fort peu de choses, et moins de murs que n’en indiquent les plans. Au point culminant, les quelques mètres restants d’une tour, d’environ 3 m sur 4 à l’intérieur, sont formés d’un moyen appareil irrégulier. Au midi, une petite dépression fait penser à un fossé sec. Du côté septentrional, une sorte de replat moins élevé pouvait constituer la Cour. Il ne reste plus de traces visibles d’une tour nord, et fort peu de choses du mur oriental qui dominait le chemin d’accès sur le flanc droit des assaillants.